Pendant l’enfance et pour la plupart d’entre nous, la personne qui compte le plus est maman. C’est la personne qui s’occupe de nous à plein temps, toujours là pour régler tous nos problèmes, qui sait soulager nos peines et nous faire plaisir. L’abnégation des mères est une chose merveilleuse et je le constate maintenant en observant mon épouse et mes enfants.
Mais à chaque fin d’année, quelqu’un arrive à rivaliser avec maman dans notre cœur : le père Noël. Le père Noël est magique, il s’envole dans un traineau tiré par des rênes. Il habite au pôle nord où avec ses lutins, il fabrique des milliers de cadeaux destiné aux enfants. Le soir de Noël, il passe la cheminée pour déposer au pied du sapin le cadeau tant désiré. Et pour cela, il suffit de lui envoyer une lettre avec ce que l’on souhaite. Comment se mesurer à lui ?
Une année, pressé par l’envie d’avoir mon cadeau, j’avais envoyé ma lettre avec un peu d’avance. Ce qui est un peu bête, puisque de tout façon, je devais attendre le 25 décembre. J’avais commandé au père Noël le livre des « contes du chat perché » que j’avais découvert à l’école. J’avais adoré ce livre lorsque nous en faisions la lecture en classe. Et quand nous étions arrivés à la fin du l’ouvrage, je n’avais qu’une envie : recommencer. Mais, en classe, nous étions passés à autre chose. J’avais donc décidé de le demander au père Noël.
Il restait encore quelques semaines avant Noël et je n’étais plus aussi impatient. Petit à petit, l’envie d’avoir ce livre avait diminué. M’étais-je rendu compte que je n’éprouverais plus les mêmes sentiments en le relisant ? Où était-ce à entendre mes copains et mes frères discuter des cadeaux qu’ils allaient commander ? Je ne sais plus. Toujours est-il que je regrettais d’avoir envoyé ma lettre. Mais voilà que faire ? On ne pouvait envoyer qu’une seule lettre au père Noël, tout le monde savait ça. Et depuis le temps que je l’avais envoyé, le père Noël l’avait déjà reçu et peut-être préparé mon cadeau. Cette année-là, je me suis résigné à recevoir un cadeau que je ne désirais plus.
Le matin de Noël, je descendais les escaliers beaucoup moins vite que les années précédentes. J’arrivais bon dernier après mes frères au pied du sapin. Quand je vis mon paquet, j’étais surpris, il me semblait trop gros. Une dizaine de livres aurait pu tenir dedans. Je retirais le papier cadeau avec appréhension. Et là, merveille, c’était un jeu avec un pistolet qui émettait de la lumière sur une cible en forme de hibou avec une roue qui tournait sur son ventre. Ce cadeau a fait ma joie et celle de mes frères durant de longues années.
Une fois, l’euphorie du moment passé, je demandais à maman pourquoi je n’avais pas reçu le livre que j’avais commandé au père Noël. Elle m’a répondu qu’elle n’avait pas envoyé ma lettre tout de suite, car elle pensait qu’un autre cadeau me ferait plus plaisir. Elle avait donc changé le contenu de ma lettre, préservant par la même occasion mon innocence d’enfant. J’étais aux anges. Sans son intervention, le père Noël aurait bêtement apporté le livre alors que maman, qui me connaissait mieux que quiconque, a été plus maligne que lui, et que moi également.
C’est donc par une froide matinée de décembre que le père Noël est descendu de son piédestal, délogé pour toujours par maman.
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