Quand j’étais gamin, nous possédions une petite chienne : Diane. C’était un animal gentil éduqué par mes parents, qui obéissait bien à la maison. Elle était très propre, n’aboyait ni sans raison ni sans excès. Seulement, elle avait une mauvaise habitude comme l’ont sans doute de nombreux chiens, elle se sauvait dès qu’elle en avait l’occasion. La porte de derrière débouchait sur un jardin fermé qui n’avait que peu d’intérêt pour elle. D’ailleurs, c’est là que nous la mettions dès qu’elle ressentait le besoin de faire un tour dehors.
La seule issue qui l’intéressait vraiment était la porte de devant. Après avoir franchi le petit jardin devant la maison, elle se trouvait dans la rue, une voie sans issue avec très peu de circulation et, si elle allait à droite, son choix préféré, elle arrivait dans une grande plaine laissée à l’état naturel. Cette plaine était pour tous les enfants du quartier un terrain de jeu exceptionnel, un espace plat pour jouer au ballon, des arbres pour faire des cabanes, cueillir des fruits ou des baies, des points d’eau pour pêcher, etc. Pour les chiens ou les chats c’était un lieu de promenade parfait où les cachettes et les petits animaux, lapins, oiseaux et souris, ne manquaient pas.
Dès que la porte de la maison s’ouvrait, ma chienne s’approchait discrètement ou rapidement et se faufilait par le moindre interstice pour aller courir dehors. Une fois à l’extérieur, nous avions beau l’appeler, plus la moindre obéissance. Elle allait faire sa promenade seule puis rentrait lorsqu’elle en avait l’envie. Nous essayons malgré de la rattraper en courant derrière elle mais sans succès. Jusqu’au jour où à force de grandir, j’ai réussi à la dépasser à la course. Là, ce fut une révélation. Ma chienne, voyant que je l’avais dépassé, s’est arrêté net et s’est mise à revenir à la maison. La scène s’est reproduite à plusieurs reprises. Désormais, j’étais le seul de la maison à pouvoir ramener ma chienne lorsqu’elle se sauvait, mes frères courant moins vite que moi. J’en tirais une grande fierté.
Adulte, j’adoptais un chien, un croisé labrador et golden retriever prénommé Caïus. Bien vite, il attrapait cette mauvaise habitude. Seulement, il était beaucoup plus grand et se déplaçait beaucoup plus que ma petite chienne. Il courait donc plus vite que moi, et mon ancienne technique ne marchait plus du tout. J’optais alors pour la seule solution viable : le dressage. Le dresseur nous a appris beaucoup de choses sur les chiens, sur leur comportement, comment les soigner et comment les éduquer. Après six cours de dressage, Caïus obéissait aux ordres. Dès lors, les promenades se firent plus agréables, nous pouvions le libérer de sa laisse, lui permettre de se balader librement et le rappeler dès que nous le souhaitions.
Maintenant lors des promenades, il m’arrive régulièrement de faire la course avec Caïus. Je perds toujours. Seulement, je sais qu’avec le temps, je finirai par courir plus vite que lui. Je l’aurais, un jour, je l’aurais !